La référente Égalité-Diversité à l'UFR lettres & Langues

Anne Debrosse  anne.debrosse@univ-poitiers.fr

Maîtresse de conférence en Langue et Littérature grecque et en Littérature comparée

Les missions de nos référents Egalité-Diversité

  • Contribuer à l’application de la « charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes » (2013) votée par le CA de l’UP en 2015 et à l’application du plan égalité (2020)
  • Relayer et animer la politique d’égalité professionnelle de l’UP au sein de leur composante ou de leur service
  • De contribuer à l’organisation d’actions de sensibilisation à l’égalité Femmes/Hommes auprès des étudiant-e-s comme du personnel.
  • De veiller à une communication non sexiste et non discriminante au sein de leur composante ou de leur service
  • De contribuer et à la prévention et à la lutte sur les questions de VSS.
  • Avoir suivi ou s’engager prochainement un stage de formation / sensibilisation à l’égalité organisé par l’UP ou un de ses partenaires
  • Etre informé des textes officiels relatifs la question de l’égalité dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche

Le poste de référent.e égalité-diversité : qu’est-ce que c’est ?

Dans le cadre d’un projet sur les questions de genres, quatre étudiantes de la licence Lettres-Sciences politiques ont décidé de rencontrer, le jeudi 17 novembre 2022, un responsable égalité-diversité de l’Université afin d’en apprendre davantage sur sa fonction. Il s’agit de Stéphane Bikialo, professeur à la faculté de Lettres et Langues de Poitiers, référent égalité-diversité de notre UFR de 2021 à 2023, engagé pour l’égalité et la reconnaissance des genres. Il avait occupé le poste au niveau de la présidence quelques années auparavant.

Stéphane Bikialo a accepté de nous recevoir afin de nous en apprendre davantage sur son rôle de référent égalité-diversité au sein de l’UFR Lettres et Langues de Poitiers.  Au travers de notre échange, nous avons pu découvrir la réalité qui se cache derrière les mails que nous recevons régulièrement sur le sujet. Cette rencontre et l’échange qui en a découlé nous ont aidées à comprendre plus clairement en quoi consiste le rôle du.de la référent.e égalité-diversité. Ce projet nous tenait à cœur car nous souhaitions faire connaître cette fonction et les actions qui lui sont confiées afin de la rendre plus accessible aux étudiant.es. C’est dans cette optique que nous avons interrogé Stéphane Bikialo, sur trois sujets distincts, qui nous ont permis d’apporter des réponses aux interrogations que nous pouvions avoir. Dans un premier temps, nous avons échangé à propos de la création du poste de référent.e égalité-diversité et de son historicité. Par la suite, nous nous sommes interrogées sur le rôle de référent.e, sa désignation et l’organisation du poste. Enfin, nous avons abordé la question des missions mises en place, des projets aboutis et à venir et de leurs évolutions

Création du poste de référent.e égalité-diversité

De 2014 à 2020, l’Université de Poitiers avait un.e vice-président.e à l’égalité, poste occupé par Stéphane Bikialo. Durant six ans, il s’est senti assez inutile du fait de sa solitude. C’est pourquoi il a sollicité Virginie Laval, à son arrivée en tant que Présidente de l’Université de Poitiers en novembre 2020, pour que soit créée une mission égalité-diversité au sein de l’Université, avec un.e représentant.e dans chaque UFR.

Depuis sa création en 2020, le poste de chargé.e de mission égalité-diversité au niveau de la présidence de l’Université est occupé par Catherine Rannoux. Ce poste réaménagé s’appuie en partie sur le rôle de vice-président.e à l’égalité antérieur. Elle est la référente sur le sujet de l’égalité dans l’Université et organise les liens entre les différent.es référent.es égalité-diversité des campus. Un ou deux référent.es par UFR s’évertuent à améliorer le quotidien universitaire sur les questions d’égalité et de diversité. Depuis 2021, Stéphane Bikialo partage le poste avec Anne Debrosse. En effet, pour assurer une meilleure continuité dans les projets et les actions, il était préférable que les années 2021-2022 et 2022-2023 soient l’expression d’un travail collaboratif avant d’envisager que Stéphane Bikialo passe le flambeau. Si les duos de référent.es sont assez rares, ce poste est présent dans chaque UFR avec, néanmoins, un engouement différent. Les UFR de Lettres et Langues et de STAPS ont été les premiers à mettre en place ce poste.

Au sein de chaque campus, se trouvent quatre types de référent.es : culture, mobilité, handicap et égalité-diversité. Cela révèle la place croissante réservée à ces problématiques d’égalité, néanmoins, en comparaison des moyens alloués aux autres référent.es, le.la référent.e égalité-diversité a moins de visibilité.

La création de ce poste de référent.e égalité-diversité sur le campus poitevin est à mettre au crédit d’une impulsion gouvernementale qui trouve sa véritable essence au sein de l’Université. En 2012 est discutée la Charte pour l’Égalité[1] entre tous.tes les président.es d’université et de grandes écoles, le ministère des droits des femmes et celui de l’enseignement supérieur. Cette charte, non-contraignante, invite chaque établissement à nommer des chargé.es de mission. Stéphane Bikialo s’est servi de cette charte pour rédiger une lettre de mission, qu’il a soumise à un vote du Conseil d’administration de l’Université de Poitiers.

Si la création du poste découle de directives ministérielles, il est juste d’affirmer que les postes aujourd’hui occupés par Catherine Rannoux, et Stéphane Bikialo et Anne Debrosse pour la composante Lettres et Langues, sont le résultat de la politique de l’Université de Poitiers pour l’égalité et la lutte contre les discriminations, initiée en partie par Stéphane Bikialo.

[1] Charte pour l’Egalité : https://franceuniversites.fr/wp-content/uploads/2013/01/chartes_dossier_couv_239902.pdf

Le poste de référent.e égalité-diversité

Un.e enseignant.e par UFR est référent.e égalité-diversité. Les référent.es égalité-diversité sont élu.es parmi des candidat.es volontaires. Le vote se fait au sein du conseil de l’UFR. Une fois élu.e, le.la référent.e prend en charge les missions de son poste pour une durée d’un an renouvelable. Au sein de l’Université de Poitiers, une parité chez les référent.es égalité-diversité est respectée. Le.la référent.e, une fois en poste, doit se soumettre à une formation requise par Catherine Rannoux, chargée de mission égalité au sein de l’Université de Poitiers, dispensée le plus souvent par le groupe Egae, avec Caroline de Haas, ou la Conférence Permanente Egalité Diversité (CPED) afin d’être à l’aise avec le poste, ses objectifs à promouvoir et les missions à porter. Les actions égalité-diversité effectuées sont régulièrement soumises à l’expertise du groupe Egae. Le.la référent.e égalité-diversité doit consacrer 6 heures par an à sa mission. Ce temps imparti est peut-être trop léger en comparaison des 18 heures réservées pour le.la référent.e handicap de l’UFR. Il est courant que ces référent.es y consacrent davantage de temps afin d’assurer le bon fonctionnement des projets. Le.la candidat.e est donc souvent engagé.e dans la lutte pour l’égalité.

Ce poste de référent.e a évolué, d’abord en se développant au sein des UFR, ensuite en changeant de nom en passant de “référent.e égalité femme-homme” à “référent.e égalité-diversité” ou “référent.e égalité” afin de s’adapter au changement de la société, de casser les codes du régime de binarité imposé au genre et de lutter contre toutes les formes de discriminations sexistes et sexuelles. Le poste a été intitulé « référent.e de la lutte contre la discrimination », mais ce terme ne convenait pas puisque certains mélangeaient les missions contre les violences sexistes et sexuelles et les discriminations de type raciste ou antisémite.

Le financement des projets égalité-diversité provient de la Contribution de Vie Étudiante et de Campus (CVEC) que chaque étudiant.e paie lors de son inscription universitaire. Le budget est donc d’environ un euro par étudiant.e au sein de l’Université. Par an, cela représente environ 25 000 euros. Avant, les projets étaient financés au cas par cas mais cela rendait difficile la mise en place rapide et efficace des actions. Pour certains projets, lorsqu’ils sont de plus grande envergure, un financement peut être accordé par la Région comme pour les stages d’auto-défense émotionnelle et verbale.

 

Pour le moment, il n’y a pas de référent.e égalité-diversité étudiant.e. La contribution des étudiant.es à la mise en place des actions est particulièrement difficile puisque les actions peuvent mettre plusieurs années à se réaliser alors que les étudiant.es ne sont que de passage pour trois ans en en général. Aujourd’hui, l’implication concrète des étudiant.es et leur possibilité d’intervenir sur les objectifs des missions sont seulement possibles parce que les actions sont votées au sein du conseil de l’UFR et que les représentant.es étudiant.es sont invité.es à donner leur avis. En revanche, les professeur.es référent.es égalité-diversité sollicitent parfois des étudiant.es ou associations étudiantes afin de les aider à porter certains projets. Une réflexion autour de la mise en place d’un suivi autour duquel les étudiant.es se relaieraient d’années en années est actuellement en cours. L’année dernière, un collectif s’est créé sous le nom d’Elig (Liberté pour l’égalité de genre) et a regroupé 10 étudiant.es de l’Université afin de porter la voix étudiante et diffuser les projets. Néanmoins, cette initiative est restée informelle.

Les objectifs et les missions

Depuis la création du poste de Vice-Président.e de l’Université à l’égalité en 2014, de nombreuses actions promouvant l’égalité et la diversité ont été mises en place à l’échelle de l’Université. Avec la mise en place des postes de référent.e égalité-diversité dans chaque UFR, les actions sont restées majoritairement communes à tous les UFR. Des réunions sont organisées tous les mois entre les UFR des campus des villes de Poitiers, de Niort, de Châtellerault et d’Angoulême. Les actions des référent.es égalité-diversité peuvent même être partagées au niveau national, puisqu’une réunion est organisée trois fois par an entre les Universités de France qui participent à la Conférence Permanente Égalité-Diversité (CPED) dont l’Université de Poitiers est adhérente depuis 2015.

Faire le compte-rendu de toutes les actions mises en place et décisions prises en faveur de l’égalité et de la diversité depuis 2014 serait un exercice long et fastidieux, c’est pourquoi nous avons décidé de partager seulement quelques actions qui nous paraissent les plus emblématiques. Cependant, si vous souhaitez obtenir plus d’informations, nous vous recommandons de consulter la page dédiée à la mission égalité-diversité sur le site de l’Université de Poitiers : Mission égalité femmes – hommes et diversité – Université de Poitiers

Au cours de l’existence du poste de Vice-Président de l’Université à l’Égalité (2014-2020), occupé par Stéphane Bikialo, de nombreuses actions ont été menées. Par exemple, la charte pour l’égalité entre les femmes et les hommes votée par la Conférence des présidents d’Université en 2013, a été adoptée lors du Conseil d’Administration de l’Université de Poitiers, le 24 avril 2015. Afin d’appliquer les différents principes de cette charte pour l’Egalité, la « Convention d’engagement pour une communication non sexiste » a notamment été votée lors du Conseil d’Administration de l’Université de Poitiers en avril 2017, (pour venir en appui au « Guide de communication non sexiste » du Haut Conseil à l’Egalité), et les dossiers d’inscription ont été rendus non sexistes pour tous.tes les étudiant.es depuis la rentrée universitaire 2017-2018.

Depuis 2020 et la création des postes de référent.e égalité-diversité dans chaque UFR, les actions ont continué et sont plus facilement mises en place. Celle dont vous avez probablement déjà connaissance est la mise à disposition de protections hygiéniques gratuites et respectueuses de la santé dans la plupart des toilettes des bâtiments de l’Université. Les distributeurs ont été installés progressivement à partir de décembre 2021.

Une cellule de prise en charge des violences sexistes et sexuelles a également été instaurée en 2021 afin d’assurer la protection du personnel et des étudiant.es. Elle reçoit également les signalements de discriminations et de harcèlement. Vous pouvez la retrouver à cette adresse : https://signalement.univ-poitiers.fr/

Par ailleurs, l’UFR Lettres et Langues participe à de nombreux festivals et animations en lien avec la mission égalité-diversité :  la quinzaine « Violences sexistes et sexuelles – Poitiers se mobilise ! » (du 15 au 29 novembre 2022) a organisé de nombreuses tables rondes, projections-débats et expositions ; le festival “d’égale à égal” a lieu tous les ans en novembre ; ou encore une formation “Cyberviolences : se protéger et protéger les autres” a été proposée par l’association StopFisha en mars 2022.

Enfin, les référent.es égalité-diversité de l’UFR Lettres et Langues ne comptent pas s’arrêter là puisque plusieurs projets sont en préparation pour les années à venir. Il est prévu qu’un bilan genré de l’Université et un autre de l’UFR soient publiés prochainement sur le site de l’Université de Poitiers, de même qu’une page d’information sur les possibilités de changement de prénom pour les étudiant.es en voie de transition (ce qui est déjà possible en se rapprochant du secrétariat). Un flyer sur les violences sexistes et sexuelles, le harcèlement et les moyens de s’en sortir sera prochainement diffusé et intégré à tous les dossiers d’inscriptions des étudiant.es de l’Université de Poitiers. Une rencontre pour informer les personnels non-enseignants sur la transidentité et les formes de violences sexistes et sexuelles est également prévue, ainsi que différentes actions de prévention par les associations étudiantes StopFisha, Soror et Noustoutes au cours de l’année universitaire. Pour finir, il est également prévu de réserver deux heures de l’UE6 du S4 pour évoquer la question des discriminations auprès des étudiant.es.

Toutes ces actions font l’objet d’un bilan qui est présenté annuellement au conseil de chaque UFR, avec les actions prévues pour l’année universitaire suivante. Il est également transmis aux référent.es égalité-diversité des autres UFR de l’Université. Depuis 2020, un bilan est à transmettre au Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur pour les actions qui concernent des projets rendus obligatoires par le ministère de l’Enseignement Supérieur.

 

Pour résumer

Finalement, ce poste qui a été conçu il y a assez peu de temps a vu ses prérogatives évoluer. Ses missions se sont diversifiées, en concordance avec les mouvances de son temps, et afin de s’adapter pour répondre aux besoins croissants de lutte contre les inégalités de genre. C’est probablement dans ce sens qu’il continuera à évoluer, octroyant éventuellement plus de temps aux enseignant.es engagé.es en tant que référent.es égalité-diversité afin qu’ils puissent accroître leurs projets ou en associant étudiant.es et associations de manière durable.

Par ailleurs, ce poste permet de rendre la vie au sein des universités plus agréable pour tous.tes et de faciliter l’intégration de chacun.e dans ce milieu d’enseignement supérieur. Ce poste reconnaît, de manière institutionnelle, la diversité des genres et permet de favoriser la libre expression. Il est également vecteur de messages de tolérance et de partage essentiel pour un vivre ensemble adéquat. Les universités participent ainsi à la création d’un environnement plus adapté comme milieu favorable à la diversité. La création de ce poste a permis de prouver aux étudiant.es qu’iels n’étaient plus seul.es face aux persécutions de genres, leur assurant un soutien enseignant et un accompagnement.

Nous espérons que ce travail permettra aux étudiant.es de prendre connaissance de l’existence des référent.es égalité-diversité et de mieux comprendre leur rôle. Nous souhaitons également que ces informations permettent à celles et ceux qui le souhaitent de savoir vers qui se tourner.

Nous tenons à remercier Stéphane Bikialo de nous avoir accordé cet entretien et de nous avoir éclairées sur les objectifs de la fonction. Nous remercions par la même occasion tous.tes les référent.es égalité-diversité de tous les UFR pour leur engagement quotidien visant à nous forger un espace d’étude rassurant et accueillant.

Ambre Bigeard, Nola Simon, Sarah Bouhier, Alice Ayrault


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