En premier lieu, nous pouvons faire un point sur le livre numérique. Nous savons qu’aux USA les ventes de livres numériques sont en train de dépasser celles du livres papiers, pourtant en France le marché semble stagner. Selon une estimation de GfK, sur le marché français, le numérique représente 10% du chiffre d’affaires , mais seulement 0,3% pour le livre. Pourtant, 93% des français de plus de 18 ans disent connaître le livre numérique, 26% en ont déjà lu un, 5% en ont déjà acheté. Mais 90% n’envisage de lire des livres sous cette forme. Ce retard pourrait en parti s’expliquer par une faiblesse du catalogue. En effet, on compte 40 000 titres disponible en numérique contre 600 000 en livre papier. Tandis qu’aux USA la numérisation des œuvres a été co-financé par Amazon et Apple.
Actuellement, nous sommes à une époque charnière en ce qui concerne le secteur du livre. Avec l’arrivée du numérique nous sommes contraint de repenser nous usages et d’envisager le numérique comme une nouvelle matérialité du littéraire. C’est pourquoi, la France lance un projet qui s’inscrit dans cette nouvelle ère.
MO3T est un projet français qui vise à développer un nouveau modèle de distribution du livre numérique reposant sur l’ouverture : « les standards sont publics et chacun peut entrer sur ce marché en bénéficiant de l’interopérabilité avec tous les autres acteurs ». Ce projet prône le respect des rôles de chacun, par exemple, « un libraire n’a pas besoin d’être également fabricant de terminaux pour survivre ». Ainsi, s’instaure un nouveau paradigme : « ce ne sont plus des fichiers qui circulent, mais des droits d’accès à ces fichiers, ce qui ouvre considérablement le champ des types de contenus et des types d’offres possibles ».
C’est Orange est à l’initiative de ce projet. Le lancement officiel du projet MO3T a eu lieu 27 septembre 2012, en janvier 2013 une maquette sera proposée et ce n’est qu’en fin d’année 2013 que débutera l’industrialisation.
Le mot clé de ce projet semble être « interopérabilité », comme il est énoncé sur le site officiel, « Le projet MO3T vise précisément à créer, pour le livre numérique, une infrastructure interopérable et internationale de diffusion des contenus numériques, qui réponde aux besoins d’ouverture et de pérennité d’un marché mature ».
Le but de ce projet est de permettre à tout lecteur d’acheter un contenu sous n’importe quelle forme, auprès de n’importe quel vendeur (en ligne ou physique), de le lire sur n’importe quel terminal, d’y adosser n’importe quel service et de pouvoir conserver ce contenu dans la durée, dans le respect des droits d’auteur. Concrètement, selon eux, ce projet profiterai à tous. D’une part, pour les lecteurs, étant donné que tous les acteurs travailleraient ensemble, le lecteur pourrait ainsi se procurer son livre numérique chez un libraire, en ligne , par téléchargement. Ce qui au final pour résumer pourrait permettre de s’échanger un livre numérique bien que tout le monde n’est pas la même plateforme de lecture. D’autre part, pour les éditeurs, libraires, plateforme de distribution, fabricants, ce projet ne laisserait personne de coté , en raison d’un marché ouvert .
Pour permettre cela le projet réunit de nombreux acteurs et partenaires: le syndicat de la Libraires Française; Dilicom (une société qui facilite le développement des Échanges de Données Informatisées dans le secteur du livre); De Marque ( une société spécialisée dans le développement de plateformes) ; Argia qui édite une plateforme de Web-service; Immateriel (une plateforme de distribution de livre numérique); des gros groupes comme SRF, France Telecom Orange; des librairies comme Lamartine, Dialogue, La procure, et enfin des maisons d ‘édition tel que Gallimard, Flammarion, La Martinière, Editis.
Ce projet nous permet donc de remarquer qu’il faut désormais conjuguer la diffusion du savoir et des connaissances avec le monde économique et commercial. En effet, les grands groupes du secteur du livre s’associent aux acteurs de la téléphonie et de la technologie afin de proposer un projet qui ne mettrait personne sur la touche. Ce processus met en évidence la volonté des acteurs de l’industrie française de se renouveler et de s’ancrer dans cette révolution du livre et de son support. Aujourd’hui la notion de crise du livre prend tout son sens car les acteurs du secteur du livre veulent trouver des solutions pour de pas être dépasser et rester actifs dans cette nouvelle ère qui débute. Ainsi, certains acteurs de la chaine du livre s’adaptent à la demande et se réinventent. De plus, cette association entre acteurs de la chaine du livre , gros groupes financiers et technologie suscite le fait que désormais, la connaissance du numérique devient indispensable pour rester dans la course.
Ce constat peut donc nous interpeller sur le fait que si les acteurs du livre ne s’investissent pas dans de nouveaux projets peut être seront-ils mit de coté et désarmés face à ces bouleversements?
On peut également remarquer que le concept d’interopérabilité sonne véritablement comme un argument marketing dans le sens ou il instaure un modèle parfait , que tout les acteurs se sont accordés pour le même but, ce qui conforterai l’opinion de l’acheteur. Comme si avec M3OT une révolution serait en train de s’opérer et que tout serait possible.
Bien que ce projet soit une illustration de la révolution numérique c’est également un projet pour concurrencer Amazon. En effet, ce projet national marque la volonté française de se créer une identité en s’opposant au leader Amazon. De ce fait, s’instaure un combat entre la France et les Etats-Unis. La France, veut symboliser l’exception culturelle, politique et marketing par le biais de MO3T.
Nous sommes de nous jours à un croisement entre les Humanité et le monde du commerce. Cette diffusion et cette accessibilité promut par le projet MO3T peut faire entendre un projet humaniste de partage du savoir. Cependant, l’importance du commerce dans cette démarche, fait également entendre les notions de marketing et d’acteurs financiers. C’est pourquoi, bien que ce projet prône l’interopérabilité entre tous les acteurs, on peut se demander si tous ces acteurs seront égaux et pourront emmètre leur opinion car Orange reste l’initiateur de ce projet et comme c’est énoncé sur le site« tout acteur qui le souhaite peut entrer dans ce modèle sous réserve d’en accepter les normes de portabilité des droits »
Enfin, nous pouvons nous intéresser à la vidéo(http://www.mo3t.org/fr/presentation.php )présente sur le site MO3T. Cette animation aux dessins simplistes, réalisée par Pierre Geslot, exploite la tension entre le livre et les nouveaux supports numériques. Cette animation propose de nous raconter l’histoire merveilleuse de MO3T, à la façon d’un conte pour enfant, en nous tournant les pages une à une afin de démontrer la magnificence de ce projet. MO3T serait le fantasme de la totalité, de la diffusion. Lire n’importe où grâce à MO3T. Il ressort de ce bref spot la notion de simplicité afin de promouvoir un accès à tous. L’utopie d’un partage et d’une diffusion du savoir promut par MO3T.
